La terre a toujours exercé sur moi une fascination. Du plus loin que remontent mes souvenirs d’enfance, j’ai été attirée par le fouillis et la chaleur d’un atelier de potier. Rien de plus envoûtant pour moi que ce capharnaüm de trésors en tous genres, piliers de magie pour créer la forme, la couleur.
Travailler de ses mains, faire naître de ses mains, des formes utiles ayant la noble destination d’une fonction quotidienne, un accompagnement de la vie de tous les jours, comme une caresse poétique sur nos gestes simples répétés inlassablement au fil du temps. J’aime l’objet utilitaire parce que dans sa modestie tranquille et la beauté que lui confère le potier-céramiste, il permet à l’esprit de s’évader de quitter son carcan terrestre pour cheminer vers de plus hautes sphères, le pays des rêves et de l’apaisement.
Je souhaite travailler la terre comme un écrivain utilise les mots pour transmettre ses visions métaphoriques du monde. Les rimes à l’instar des couleurs pour nuancer mes idées, faire s’évader l’imaginaire. Mon vœu le plus cher est de faire partager un instant de douceur, une parenthèse sereine dans un monde de plus en plus survolté.
Pour moi la terre n’est pas seulement un matériau servant uniquement de structure à l’objet, mais fait partie intégrante de l’objet. C’est pourquoi quand je colore les pièces avec des engobes, je laisse souvent apparaître la terre, elle est en elle même couleur et matière et les imperfections dû à sa composition sont essentielles à mes yeux.
La porcelaine quant à elle, de sa pureté immaculée, donne à certaines de mes réalisations élégance et contraste lors des mélanges avec des grès plus foncés. En perpétuelle recherche de couleurs (émaux et engobes) je réinvente en permanence ma palette, cherchant de nouvelles alliances afin de créer cet univers céleste propice à la rêverie.